l'ICCCR 2012

En 2012 il y avait trois événements d'importance mondiale organisés en Angleterre: le Diamond Jubilee de la Reine Elisabeth II, les Jeux Olympiques d'été, et l'ICCCR, qui éclipse bien entendu les deux autres.

Pour info l'ICCCR (International Citroën Car Club Rallye) est une manifestation quadriennale organisée bénévolement, qui en est à sa 15ème édition, et qui change de pays à chaque fois. Après Rome 2008, et avant la Hollande en 2016, c'était donc Harrogate 2012.

Harrogate? Un bled complet où on produit de l'eau minérale, situé dans le Yorkshire, c'est à dire très très au Nord de l'Angleterre.

Autant dire que 90% des Citroënistes Européens se sont découragés à l'idée de ce voyage presque aux confins de l'Ecosse: un grand bravo donc aux anglais pour ce choix de lieu qui nous a permis de nous retrouver entre vrais de vrais, durs de durs, tatoués de chez tatoués.

Le programme

Mme Danche me l'a très bien résumé sur place, le concept de l'ICCCR, c'est en réalité: "on pose la voiture, et on zone à pied sur un parking géant".

Pas besoin donc d'un programme ou d'un quelconque événementiel, même si, pour les adeptes du camping sur place, des groupes traditionnels du Yorkshire venaient le soir pousser la chansonnette.

Un soir il parait qu'il y a eu aussi des sosies du groupe Queen, mais qui ne leur ressemblaient pas du tout. Enfin vous voyez l'ambiance, genre Kermesse ou fête du fenouil.

Il y avait aussi un musée sur place avec une quinzaine de perles Citroën, dont certaines vraiment inédites.

Ca m'a notamment bien plu de voir en vrai le prototype C60 qui a utilisé mon helanca bleu pour sa restauration et la DS de Slough qui roulait toute seule, que je vous avais présentée ici.

A dire vrai c'est même moi qui avait suggéré aux organisateurs de l'ICCCR de la faire sortir des réserves du musée des sciences de Londres pour l'événement...C'est pour cette raison que, modestement, j'ai classé ce reportage "icccr 2012" dans ma rubrique "les chemins de la gloire"... mais shhh, sinon on va dire que je la ramène...

Les rencontres

Un des points-clés de l'ICCCR c'est la possibilité de rencontrer physiquement des gens que l'on ne connaissait que via Internet. C'est comme un 3615 ou Meeetic, parfois il faut passer la surprise de l'apparence pour ensuite faire plus ample connaissance avec des gens attachants.

Pour ceux qui ne parleraient pas Anglais, c'est, dans les grandes lignes, ce que nous dit l'organisateur en chef de l'ICCCR sur cette video.

http://www.youtube.com/watch?v=WWQGp4LMbvs

Et puis souvent, ces gens que l'on rencontre, ils ont des trucs marrants à raconter.

Par exemple on m'a rapporté cette magnifique anecdote: sur le ferry, un Anglais faisant la traversée et ayant remarqué le nombre manifestement anormal de vieilles Citroën, demande à un français: "mais enfin, vous allez où comme ça, tous??".

Réponse du français: "Eh bien on va à Hastings, comme en 1066." L'anglais serait, parait-il, parti en courant préparer l'huile bouillante.

J'ai aussi eu l'occasion de discuter assez longuement avec un fan du site du nuancier, mais balayant beaucoup plus large que les seules DS. A un moment il a baissé la voix pour me confier avoir découvert une information capitale.

Il paraitrait que les 2cv série limitée 007, quand elles sont à conduite à droite, ont des gros "O" (la lettre), et non des "zéros" (comme en France) pour former le "007" sur leur autocollant sur la malle et les portes.

Comme quoi on peut toujours trouver plus fou que soi...

Les DS/ID

A ce niveau c'était plutôt décevant, très très en dessous d'une réunion de club DS Hollande.

Sur 2000 voitures présentes à l'ICCCR, il y avait 400 modèles "D" d'après les statistiques des organisateurs, mais ils étaient pour la plupart un peu approximatifs, et il y avait très peu de modèles d'avant 68, à peine une trentaine à vue de nez (*jeu de mots*).

Je précise que pour ce dénombrement je ne suis pas allé rôder dans les campings, où les voitures pullulaient.

Voici quelques détails choisis, je présenterai plus tard in extenso plusieurs de ces modèles.

Je commence par ce full aux bleus par les verts.

Ensuite ici en hommage à la France, le bleu blanc rouge formé avec la PVFM, une ID anglaise blanc Paros et une ID Danoise Rouge Estérel.

L'ID danoise était particulièrement intéressante, avec ses détails export et son splendide intérieur gris éléphant. Je la présente plus en détail ici.

Daniel, un sympathique Chaprootiste, m'a montré un intéressant gadget sur sa voiture, c'est cette clé Ronis que vous voyez sous le tableau de bord.

En fait elle sert d'antivol: on passe la marche arrière, un tour de clé, et le levier de vitesses ne peut plus bouger.

Le catalogue des pièces de rechange en parle en effet de ce dispositif comme spécifique aux DS export Allemagne, 1962 uniquement. Et c'est bien sur une export Allemagne de ce millésime que Daniel a démonté le dispositif, pour le monter sur son cabriolet 62 restauré.

Je suis tombé aussi sur cette familiale 1964 dans un état indescriptible: des scotchs jaunis renforçant les caoutchoucs, une carrosserie de cargo panaméen, une hydraulique partiellement de CX... formant au final une des voitures les plus émouvantes et authentiques de l'endroit.

Des détails attachants montrent qu'elle a servi au transport d'enfants en Ile et Vilaine, je vous la présenterai bientôt plus complètement.

Quand au proprio, il m'a montré dans le détail sa caisse à outils emplissant tout le coffre, et m'a expliqué avec une bonne humeur communicative avoir en chemin cassé et remplacé sa sphère de conjoncteur.

Quand je l'ai laissé il partait changer les bougies devant son copilote blasé.

A l'heure qu'il est, je pense qu'il déculasse sur une aire d'autoroute.

Quand je vous disais qu'on fait de drôles de rencontres.

Au retour sur le ferry j'ai aussi revu les deux ambulanciers bourguignons, le père et le fils, qui sillonnent l'Europe tous les quatre ans en ID 1962 bleu pacifique.

Sur la photo, tout à droite, voici le fils. Il y a 16 ans il est revenu de la maternité dans cette ID, et il a bien grandi depuis, je dois dire. Par contre son Anglais est quant à lui resté au stade de l'embryon.

Quant au père, improbable camelot intarissable sur l'automobile, il triche au tarot, j'en suis certain, mais je n'ai pas réussi à le prouver dans la "quiet room" du ferry, dont je suis sorti comme dans Lucky Luke: nu dans un tonneau, et la mimolette toute fripée.

Pur finir, j'ai eu l'occasion au cours du séjour de visiter dans le Yorkshire différents sites culturels, avec des hauts et des bas.

Je passe donc sous silence le musée du viking de York (Jorvik), et son étron de viking fossilisé.

Non ce que je veux mentionner, c'est l'abbaye de Fountains. Elle est classée au patrimoine mondial de l'humanité, et rien d'étonnant à cela, car c'est l'endroit le plus beau que j'aie jamais vu:
ce sont des ruines cisterciennes majeures (les plus importantes d'Europe), englobées dans un parc à fabriques et plans d'eaux du XVIIIème.

En plus, l'ensemble du "jardin pittoresque" (c'est le nom exact de ce type de parc), promenade d'au moins deux heures, est envahi par les animaux sauvages: lapins, daims, et sortes de poules d'eau indéfinissables.

Réellement fantastique.

Vous pouvez vous le noter dans la rubrique "choses à voir avant de mourir".